AN Zéro - aphorismes

Couverture et extraits

Elle fut pour moi un mensonge, mais un beau mensonge et on croit toujours à la beauté.

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Les humains conversent moins entre eux qu’avec eux-mêmes. La certitude pour chacun d’être absolument seul au monde est au fondement des civilisations.

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Dans la nuit minérale où le cœur patiente, attendre l’aube comme une autre vie possible, comme un ouvrage d’amour à remettre sur le métier d’un jour neuf.

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Tandis qu’un peuple se meurt, les héros du clavier tapotent et papotent. Ils ont au plafond une araignée chagrine qui tisse le réel au fil des mots. Ils ne feront pas un geste, ils sont perchés si haut.

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Le bonheur de la marche est dans la suite miraculeuse des chutes successives de l’instant qui conduisent à la chute finale. Pas à pas, la vie cherche son trépas dans le déséquilibre permanent de la mobilité.

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On reconnaît les vivants à leurs différences et les morts à leur indifférence.

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Déposer les armes et se considérer comme un ancien combattant quand une guerre n’est pas gagnée est une forme de désertion.

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Tout ce qui vit chemine sur les pas de la sombre bergère. Elle conduit le troupeau dans les champs d’asphodèles dont les hampes illuminent la terre des morts.

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La dernière amante m’a pris corps et âme au berceau de la terre. Je suis la chair de sa chair décomposée et sa poussière d’étoiles dans la nuit où l’on rêve d’une aube qui ne se lèvera jamais.

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